mardi 12 juillet 2016

La bouffe est-elle le nouveau cul ?

Depuis quelques mois, vous avez tous noté l’explosion des sujets traitant la problématique de l’industrie de la viande, les scandales à répétition dans nos abattoirs et le choc légitime qu’ils provoquent dans l’opinion publique. Tout cela débouche naturellement sur une regain d’intérêt très net pour l’alimentation végétarienne (impossible de passer 1 heure sur Facebook sans tomber sur un sujet sur le végétarisme ou le véganisme).
Je suis moi-même un ancien végétarien. J’ai en effet passé 3 ans 1/2 de mon adolescence, entre 15 et 19 ans, sans ingérer un seul gramme de chair animale (ni viande, ni poisson)... avant de lire le “Dracula” de Bram Stoker et de me jeter sur un steack haché saignant. Je ne plaisante même pas !
Depuis un an environ, j’ai à nouveau du mal... le fait de consommer de la viande me pose un problème moral que j’ai de plus en plus de mal à concilier avec ma vie quotidienne. La sensation de “ne pas être en phase” avec mes valeurs morales et mes convictions. Ou, tout simplement, avec ma sensibilité propre. La culpabilité de ne pas être aussi intègre que je le voudrais.
Certains penseront spontanément que je n’ai qu’à redevenir “veg” si ça me cause tant de soucis. Sauf que ça n’est pas si simple. Un peu comme dire à un alcoolique ou un obèse : “C’est facile, tu n’as qu’à boire/manger moins !” La bonne blague... Demandez-vous pourquoi “10% des Français aspirent à devenir végétarien” alors que seuls 3% le sont vraiment. Il y a la pression sociale déjà, plus indirecte que directe, qui rend difficile de se nourrir sans viande dès que l’on sort de chez soi. Croyez-moi, c’est pénible d’être le “relou de service” au restaurant ou chez des amis qui vous invitent, à réclamer deux oeufs au plat au lieu de l’entrecôte ou du magret prévu pour tous les autres. Pénible aussi de répondre à toutes les questions qui fusent aussitôt sur le “pourquoi” et le “comment” alors qu’on n’a même pas envie d’en parler. Je ne m’étendrai pas sur les petits jurés qui d’emblée vous condamnent alors que vous ne cherchiez même pas à polémiquer ni à essayer de convaincre quiconque. Le bal des clichés est ouvert : la dramaqueen : “Alors, ça, je ne comprendrai jamais !” ; le grand historien : “On a toujours mangé de la viande !” ; celui qui croit que son opinion vous intéresse : “Je trouve ça complètement ridicule !” ; celle qui croit que sa vie vous intéresse : “Mais comment tu fais ? Moi je ne pourrais pas” ; le pote comique : “Et tu as pensé à la souffrance de cette pauvre carotte ?” etc, etc, etc... Euh, moi je voulais juste... 2 oeufs au plat.
De nos jours, beaucoup ont en tête la caricature du végétarien militant qui veut convertir son entourage avec la ferveur d’un fanatique religieux et l’agressivité qui va avec. Je n’ai pas de sympathie pour ce genre de personne, moi non plus. Mais la tolérance, c’est dans les deux sens... De ma propre expérience, j’ai plutôt le souvenir du gars qui essayait le plus discrètement possible de ne pas manger de viande sans que personne ne s’en aperçoive et ne me questionne car les grands-débats-de-ripaille me gonflent. L’envie de dire : “Gardez vos commentaires, je ne vous ai rien demandé. Laissez-moi juste manger ce qui me plait, tout comme je le fais avec vous.”
Et puis, c’est plus difficile aussi quand vous aimez le goût de la viande. S’obliger à se passer d’une chose que l’on apprécie demande une volonté et une discipline au quotidien pas toujours facile à tenir, un peu comme une diète ou un sevrage. Mais après avoir dégusté un bon morceau de viande rouge ou de la charcuterie espagnole, je me sens un peu comme un ado des années 50 après s’être masturbé. “J’ai honte. J’ai été incapable de contrôler mes basses pulsions. Je ne suis pas quelqu’un de bien.”
Mon propos n’est pas de faire du prosélytisme. Je voulais juste vous livrer mon expérience, mon ressenti et vous faire part d’un article qui est paru le 23 mars 2009 dans “Le Monde”. Je l’avais trouvé très intéressant et pertinent à l’époque et je pense qu’il est plus d’actualité que jamais. Il évoque le glissement des valeurs morales depuis la chambre à coucher vers la cuisine. Aujourd’hui, si peu de gens se soucient de savoir comment et avec qui vous baisez, il semblerait qu’il en soit autrement avec ce que vous mangez. Maintenant que la sexualité s’est libérée des contraintes morales, ces dernières resurgissent dans nos assiettes. Les pratiques alimentaires sont-elles en passe de devenir le reflet de nos valeurs morales ?
“Cuisine et sexe : les nouveaux interdits américains” par Jonathan Weiss, Professeur émérite, écrivain.
“Depuis les années 1950, la façon dont les Américains appréhendent la cuisine et le sexe a changé. C'est le sujet d'un article de Mary Eberstadt du Hoover Institution, intitulé "Is Food the New Sex ?" Depuis soixante ans, écrit-elle, il y a eu un renversement dans le rapport entre la morale et la nourriture et le sexe. Là où l'acte de manger et ce qu'on mangeait étaient moralement neutres, cet acte est devenu aujourd'hui lourd de signification morale. Et là où l'acte sexuel s'entourait de nombreux interdits, cet acte est devenu aujourd'hui libre de presque toute portée morale. Dans les années 1950, ce qu'on mangeait relevait du goût ; aujourd'hui, on applique à ce qu'on mange l'impératif catégorique de Kant : en mangeant j'agis selon des principes que je considère applicables à tout être humain, car ces principes relèvent du bien et du mal. Par contre mon comportement sexuel est libre de cet impératif catégorique, car, dans ma vie sexuelle, j'agis selon mes propres désirs, sans les transformer en principes universels ; j'admets donc une variété de comportements sans y attacher aucun opprobre. Les habitudes culinaires des Américains ont certes beaucoup changé. Il y a soixante ans on mangeait les steaks, le veau, les plats riches et la crème fouettée. Mis à part quelques aliments condamnés par notre tradition culinaire (le cheval, le lapin), l'Américain était plus ou moins omnivore. Le changement le plus remarquable dans la cuisine américaine n'est pas dans la nouvelle variété des aliments, mais dans la valeur que la société attache à ce qu'elle mange. Les matières grasses sont à proscrire ; on dira d'un yaourt qu'il est fat free, le mot free étant chargé de sens moral. En ce qui concerne la viande, la situation relève d'une hiérarchie complexe, surtout chez les végétariens. Ainsi par exemple manger de la viande rouge est moins moral que manger du poulet ou du poisson, le comportement le plus moral étant de ne manger aucune chair d'animal ni de poisson. Quand un végétarien proclame que la viande rouge n'est pas bonne pour la santé, ce n'est pas parce qu'il en a fait une analyse nutritive, mais parce que la viande, qui provient d'un acte violent (l'abattage d'un animal) est impure en soi. Michelle Obama va planter un potager sur la pelouse de la maison blanche, pour avoir, dit-elle, des légumes frais à table, mais les Américains verront son geste comme un geste patriotique. Le PDG du yaourt bio Stonyfield Farm déclare qu'il ne veut pas seulement vendre son produit mais "changer le monde". S'il est peu probable que les activistes et les végétariens réussissent à interdire le foie gras et le veau, ils ont déjà réussi à imposer un système de valeurs qui est en train de pénétrer la société américaine. Manger n'est plus simplement se faire plaisir ; ce que je mange reflète mes valeurs morales. Par contre, dans le domaine de la sexualité, les valeurs morales sont de plus en plus absentes. Il y a cinquante ans la religion avaient imposé au comportement sexuel une distinction entre le bien et le mal. L'homosexualité était condamnée comme étant un acte impur, mais même au sein de l'hétérosexualité certains comportements étaient inacceptables. L'association entre sexualité et religion avait comme conséquence l'interdiction de l'avortement, mais aussi la prohibition de la vente des contraceptifs. Aucun acte ne relevait d'autant d'interdits que l'acte sexuel. Il serait sans doute exagéré de dire que l'acte sexuel aujourd'hui n'implique plus aucune valeur morale, mais l'Amérique est moins puritaine que par le passé. Le scandale Clinton-Monica Lewinsky a marqué la fin d'une ère. Les sondages de l'époque révèlent que le peuple américain se souciait peu, dans sa très grande majorité, de la vie sexuelle de son président. Clinton avait une cote de popularité entre 58 et 72 pour cent pendant toute la période du scandale, et 42 pour cent seulement des Américains approuvaient la procédure de destitution. En d'autres termes, le public refusait d'appliquer au comportement sexuel de son président l'impératif catégorique de Kant. Si les Américains sont devenus (presque) aussi libres dans leur attitude envers le sexe que les Français, dans le domaine culinaire les Français se rapprochent (un peu) des Américains. Les végétariens sont moins nombreux en France qu'aux Etats-Unis, et les traditions culinaires plus tenaces. Mais la popularité des produits bio en France témoigne d'un changement. Comme les Américains, les Français aiment avoir la conscience tranquille en mangeant. Ils digèrent mieux un poulet élevé en plein air, non pas parce qu'il est plus facile à digérer mais parce qu'en le mangeant on croit bien faire. Si nos deux sociétés évoluent vers une métaphysique de la nourriture et vers une neutralisation morale des actes sexuels, c'est que certains facteurs, tels que l'abondance de la nourriture et la contraception, le permettent. Sans doute, dans cinquante ans, nos attitudes ne seront plus les mêmes.”

lundi 13 juin 2016

Le massacre d'Orlando et l'enfumage des médias islamophiles.

Je suis gay mais je n'arborerai pas le drapeau arc-en-ciel aujourd'hui. Je n'assisterai pas non plus au rassemblement communautaire prévu ce soir dans ma ville. Orlando n’est pas un attentat homophobe. C’est un attentat musulman. Un énième attentat musulman sur une longue, très longue, liste qui n’en est qu’à ses débuts. Les gays ne sont qu’un bouc-émissaire, un prétexte, parmi beaucoup d’autres (les Juifs, les femmes, les athées, les chrétiens, les Occidentaux…) pour anéantir et supplicier tout ce qui n’est pas musulman. Je ne me sens donc pas plus concerné cette fois-ci que les précédentes.
Comme à chaque fois, nos «élites» et nos médias évitent soigneusement de nommer le responsable. Tout l’arsenal de propagande est déployé pour détourner notre regard et notre pensée, anesthésier notre jugement critique et nous manipuler. Au fils des massacres et des attentats perpétrés au cri de «Allahu akbar» et autres corâneries, tout (et surtout n’importe quoi) nous est servi au gré des cibles : les discriminations dont ils seraient victimes, les tensions inter-ethniques ou religieuses, l’insupportable offense provoquée par des mots ou des dessins, la soit-disant occupation israélienne, l’homophobie, l’antisémitisme, la misère, le passé colonial, l’ignorance, l'attitude provocante des femmes occidentales, le désespoir ou bien l'acte isolé d’individus déséquilibrés, de forcenés au lourd passé psychiatrique… la liste est infinie (pardonnez-moi de ne pas tout mettre entre guillemets). Les sommets de la créativité dans ce domaine sont proportionnels aux abysses de la lucidité et du courage.
Hier soir, alors que Daesh avait déjà revendiqué l’attentat de Floride, le proclamé «expert» du JT de TF1 faisait le procès de «la culture américaine de la violence» et du grand nombre d’armes à feux en circulation aux USA. Il fallait oser ! Et de s'inquiéter du coup de pouce que cela pourrait constituer pour l'élection de Donald Trump... Nous avons atteint dans ce pays un niveau de désinformation digne de l’URSS stalinienne.
Le criminologue Xavier Raufer résume très bien la situation en ces termes : «Comment voulez-vous que des gens qui ont peur des mots soient courageux face à des terroristes ?»
Les cadavres d’Orlando étaient encore chauds que déjà, au sein de la communauté LGBT, certains mettaient en garde contre la tentation xénophobe et le risque de récupération par le grand Satan : «l’extrême-drouâte». Aux mots de compassion pour les victimes et leurs proches… on a préféré des grandes déclarations de solidarité avec les-pauvres-musulmans-innocents qui avaient à craindre un probable retour de bâton. Là encore, il fallait oser. Mais ça n’est pas un problème quand on n'a ni décence ni scrupule.
Résultat : des gens, par millions, comme sur cette photo qui me désole. Comme ils sont mignons ces jeunes homos qui manifestent contre la pseudo-islamophobie. Ils sont naïfs, candides, complètement à côté de la plaque. Je leur mettrais des baffes tellement ils sont stupides et m’énervent. Mais méritent-ils pour autant de mourir ? Visiblement, leur sympathie pour les musulmans n'est pas réciproque... Les musulmans n'aiment personne !
Parfois, je suis tellement exaspéré que je m’abandonne à l’idée qu’on finit par mériter ce qui nous arrive quand on est aussi con. D’autres fois, j’ose encore croire que des «événements» type Orlando vont enfin leur faire ouvrir les yeux… mais même pas ! Les massacres commis au nom d’Allah deviennent la rubrique des chiens écrasés. Ils sont quotidiens. Mais rien n’y fait. «Quand le sage désigne la lune, l’idiot regarde le doigt» disait Oscar Wilde. Ces gens n’ont plus aucun esprit critique, ils ont été lobotomisés par la propagande multiculturaliste et politiquement correcte. Certains les appellent les «bien-pensants». Ils se trompent. Ce sont des «non-pensants». Les zombies du relativisme culturel et du masochisme occidental.
Il n’y a rien d’incroyable à ce qu’un musulman commette un massacre de masse dans un club gay… il ne fait qu’appliquer à la lettre ce que son idéologie putride lui dicte. Ce qui est incroyable c’est le déni de masse qui refuse de reconnaître le lien évident entre cette idéologie religieuse et les torrents de haine et de violence qu’elle génère.
C’est terrible mais je ne parviens plus à me sentir solidaire de ces petits professeurs du dimanche qui vous donnent des leçons de «padamalgam» et vous prescrivent des injections de «cépasalislam», de ces imbéciles qui sont incapables (et/ou ont peur) de pointer du doigt la source du mal, le seul véritable problème, et qui me voient comme un dangereux facho doté d'un QI d’huître. Fatigué de ces rassemblements mièvres et inutiles pour Paris, Bruxelles ou Orlando (mais jamais pour Tel-Aviv ou Jérusalem). Les victimes se foutent de ces marches silencieuses, elles sont mortes ! Le meilleur hommage qu'on pourrait leur rendre serait d'oeuvrer enfin pour qu'elles soient les dernières.
Et ça ne se fera hélas pas à coups de bougies, de fleurs et de larmettes (aussi sincères soient elles)...
Que faudra-t-il encore pour que le monde ouvre enfin les yeux et prenne l'islam pour ce qu'il est : la pire menace totalitaire et la plus odieuse barbarie depuis le nazisme.
Je ne suis pas Orlando. Je suis islamophobe !

dimanche 8 janvier 2012

Liberté, égalité... même pour les gays !

Abolir la dernière grande discrimination
pour renforcer notre civilisation.


« Nous croyons aux liens qui unissent, que la société est plus forte quand nous faisons des vœux et quand nous nous soutenons les uns les autres. » 
David Cameron, premier ministre britannique.



« Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde » disait Albert Camus. C’est pourquoi je ne défends pas le « mariage gay », une expression impropre et néanmoins massivement utilisée par les médias, mais l’égalité des droits pour les couples de même sexe. Car il ne s’agit pas d’inventer un droit spécifique qui serait exclusivement réservé aux homosexuels mais tout simplement de leur ouvrir l’accès au mariage civil. Le seul qui soit. Ni plus ni moins. Idem pour le droit à l’adoption.

Certains arguent encore que les homosexuels ont fait « un choix de vie » et qu’ils doivent en assumer les conséquences. Sauf que l’argument de la responsabilité individuelle n’est pas valide dans ce cas. Avez-vous choisi d’être hétérosexuels ? Non, bien sûr. C’est une évidence qui s’impose à vous. Choisir son orientation sexuelle relève, au mieux, du fantasme (au même titre que choisir la couleur de ses yeux)… au pire, de l’ignorance. On ne choisit pas son orientation sexuelle, que ce soit enfin clair pour tous !

Seule une minorité d’homosexuels voudraient se marier. Moins encore auraient un projet parental. Le mariage serait dépassé, inutile, ringard... mais sacré. Les opposants ratissent large et ne sont pas à une contradiction près. Mais les gays sont comme tout le monde : il existe en leur sein une pluralité d’opinions, de goûts, de choix et de modes de vie. Personne ne peut savoir mieux qu’eux-mêmes ce qui leur convient. Pourtant, ils ne bénéficient pas du même champ de possibilités que les autres couples alors qu’aucun argument scientifique ne s’y oppose. C’est une injustice arbitraire. Tous les homosexuels ne désirent pas se marier ou adopter, loin de là. Mais ceux qui le désirent devraient pouvoir le faire. Avoir le choix : n’est-ce pas la définition même de la liberté ?

Le mariage n'est pas immuable. Au cours de l'histoire, il a été régulièrement modifié. Ces évolutions importantes sont venues traduire les transformations sociales qui ont pétri la société au fil des siècles. On entend encore ânonner « la destruction de la famille ». Pourtant, le modèle familial n’a jamais cessé d’évoluer et il est aujourd’hui parfaitement compatible avec l’homosexualité.  Une société vieillissante, minée par une grave crise économique et un déclin démographique, n’a-t-elle pas intérêt à favoriser tous les désirs de former une famille stable et durable en vue d'avoir, peut être, des enfants, fussent-ils de couples homosexuels ? Dans ce contexte, l’adoption et les techniques de procréation médicalement assistées sont des solutions pour tous. Sans discriminations.

Sur la pléthore d'études et de recherches scientifiques menées par d'innombrables universitaires, médecins ou psy depuis des décennies combien nous prouvent qu'être élevé par deux hommes ou deux femmes est néfaste ou dangereux pour l'enfant ? Strictement aucune ! Les enfants élevés par des couples homosexuels ne vont ni mieux ni moins bien que les autres, c’est aujourd’hui une évidence vécue au quotidien par des millions d'enfants de par le monde. Tout au plus sont-ils dans la situation que vivaient les enfants de divorcés dans les années 1950 ou les enfants métis dans les années 1970. Fallait-il pour autant interdire le divorce et les unions mixtes, au nom du bien être des bambins ?

Le mariage est aujourd’hui un acte laïc qui dépend de la loi civile. S’il y avait un lien entre mariage et filiation, il faudrait alors en exclure tous les couples qui n’ont pas d’enfants, par choix personnel ou parce que confrontés à l’obstacle de la stérilité. Familles monoparentales ou recomposées : le découplage de la fonction parentale et du biologique caractérise notre époque. Le mariage ne fonde plus la famille (60% des enfants naissent hors mariage et 5% des couples mariés n’auront jamais d’enfants). Il n’a plus aucun rôle social, et je considère que c’est un progrès parce qu’il n’est plus une entrave à la liberté individuelle. Il est aujourd'hui possible de vivre en couple et en famille, avec ou sans enfants, hors de l'institution du mariage et de la stigmatisation sociale : il s'agit même du cas majoritaire.

Cependant, le mariage demeure la référence, la forme d’union la plus aboutie sur le plan juridique et symbolique. Il est naturel que ceux qui en sont excluent le réclament, poussés par un besoin de reconnaissance et d’égalité. La société se construit d’abord par les choix des individus qui la composent et pour lesquels la famille demeure la clef de voûte de tout l’édifice social. Elle est le noyau qui permet l’éclosion de la personne libre et la transmission des patrimoines. Les défenseurs de la famille devraient se réjouir de voir une population souvent dénoncée comme communautariste ou marginale vouloir participer au droit commun dans un processus de normalisation. Car le mariage c’est la consécration sociale de l’union de deux personnes ayant pour but la solidarité réciproque sur la base de l’affection mutuelle. Il rassemble tous ceux qui croient en ces voeux solennels, tous ceux qui pensent que la société est plus solide lorsqu’elle soutient les preuves d’engagement et les solidarités familiales. C’est un droit qui correspond à des devoirs existants (communauté de vie, secours et assistance, impôts…) qui sont déjà assumés de facto par les couples homosexuels.

Certains avancent qu'améliorer le PACS suffirait. Mais pourquoi donc conserver deux procédures qui seraient alors identiques ? Interdire l’appellation de "mariage", tel un prestigieux label, aux seuls homosexuels vise en fait à proclamer la supériorité de l’amour hétérosexuel. Or, l’Etat est censé protéger les droits de tous, pas d’établir des hiérarchies entre les citoyens ni d’exclure des minorités de son champ d’action en fonction des convictions personnelles de ses dirigeants. Les homosexuels méritent le même respect des pouvoirs publics que les autres. Ils ne doivent plus être des citoyens de seconde zone au nom de préjugés d’un autre âge car la dignité de l’individu est la condition de sa liberté. D'ailleurs, les citoyens ne sont pas dupes : selon un sondage Ifop de 2011, les deux tiers des Français sont favorables à ce que les homosexuels puissent se marier et 58% soutiennent aussi leur droit à l’adoption.

Ceux qui s’opposent à ce que les homosexuels accèdent à l’égalité des droits tout en s’offusquant d’être taxés d’homophobes m’évoquent ces Américains qui s’opposèrent aux mariages interraciaux jusqu’à la fin des années 1960 mais refusaient de s’admettre racistes. Mais pourquoi donc vouloir interdire à des Blancs et des Noirs qui s’aiment de s’unir si l’on n’est pas raciste ? Quelque chose m'échappe...

Mildred Loving est cette femme noire qui avait épousé un blanc et dont le procès contre l’Etat de Virginie a mis fin à l’interdiction des mariages mixtes aux USA en 1967. Peu avant sa mort elle confiait : « Entourée comme je le suis par de merveilleux enfants et petits enfants, pas un jour ne passe sans que je pense à Richard et à notre amour, notre droit de nous marier, et combien cela signifiait à mes yeux d'avoir la liberté d'épouser la personne précieuse pour moi, même si d'autres pensaient qu'il était le “mauvais genre de personne” pour m'épouser. Je crois que tous les Américains, quel que soit leur sexe, leur race,  leur orientation sexuelle, doivent avoir la même liberté de mariage. Ce n'est pas l'affaire du gouvernement d'imposer les croyances religieuses de certains aux autres. Spécialement si ce faisant, il leur dénie leurs droits civiques […] je suis fière que notre nom à Richard et à moi soit celui d'un arrêt de la Cour qui puisse favoriser l'amour, l'engagement, l'équité et la famille, ce que tant de personnes, noires ou blanches, jeunes ou vieilles, homos ou hétéros, recherchent dans la vie. Je suis pour la liberté de se marier pour tous. » Je n'ai rien à ajouter.

vendredi 28 octobre 2011

ESPAGNE : ELDORADO DU TIERS-MONDE... OU LE CONTRAIRE.





En 1996, l'Espagne comptait à peine plus d'un demi-million d'étrangers (542.000 exactement), soit 1,37% de sa population.
Il s'agissait très majoritairement d'Européens du Nord qui coulaient une retraite paisible au soleil.

Au 1er janvier 2011, l'INE (INSEE locale) annonçait que 6.700.000 habitants du royaume étaient nés hors des frontières nationales, soit 14,1% de la population !

Par comparaison, ce taux est de 11% en France, au Royaume-Uni et aux Pays-Bas, 12% en Allemagne et 13% aux USA. La Suède, avec 14%, présente un taux similaire à celui de l'Espagne.

La population étrangère en Espagne a donc été multipliée par 12,4 en seulement 15 ans.

Ce qui choque de prime abord dans le cas espagnol c'est l'afflux absolument massif et extrêmement rapide que ce pays a subi. Un pays alors modeste, traditionnellement terre d'émigration, n'a pas le temps de se découvrir soudainement prospère qu'il se voit aussitôt submergé de toutes parts...

Sur la seule décennie 2001-2011, l'Espagne a accueilli près de 5,5 millions d'étrangers (dont plus de 920,000 pour la seule année 2007). Autant dire que la totalité de la croissance démographique du pays (qui est passé de 40,5 à 46 millions d'habitants) a été due à l'immigration ! Sur cette période, à part les Etats Unis, aucun autre pays au monde n'a absorbé un nombre si élevé d'immigrants.

De nos jours, les étrangers originaires d'Europe occidentale ne constituent plus qu'un cinquième (20%) de ces « Néo-Espagnols ». 36% viennent d'Amérique du Sud et d'Amérique centrale (par ordre d'importance : Equateur, Colombie, Argentine, Bolivie, Pérou, Brésil, République Dominicaine, Paraguay, Vénézuela etc). Le deuxième contingent le plus important est constitué des 18% d'Européens de l'Est (les Roumains y sont très majoritaires, suivis des Bulgares, Ukrainiens, Polonais, Russes et Lituaniens), devant les Maghrébins (15%, surtout des Marocains). Enfin, 5% proviennent d'Afrique sub-saharienne (Sénégal, Nigeria, Gambie...) et 5% d'Asie (Chine, Pakistan, Inde, Philippines, Bangladesh, Japon). Les 1% restants sont essentiellement constitués de Nord-Américains. En bref : c'est du monde entier que l'on s'est pressé en Espagne  ces dernières années !

Ce véritable « tsunami migratoire » a débuté à la fin des années 1990, impulsé par le grand dynamisme économique que connaissait alors le royaume et par la volonté du très libéral gouvernement de José María Aznar (1996-2004).
Comme partout ailleurs, cette ouverture des frontières à tous les vents visait à organiser une concurrence acharnée sur le marché de l'emploi afin de tirer les salaires à la baisse. Pour que la main d'oeuvre soit bon-marché il faut qu'elle soit nombreuse ! Facile : il suffit d'ouvrir les frontières. Dieu merci, le réservoir de main d'oeuvre est inépuisable dans un monde d'explosion démographique et de pauvreté.
Le mécanisme est aujourd'hui parfaitement connu : rien de plus efficace que la manne migratoire pour briser les revendications salariales des travailleurs locaux et permettre aux riches de devenir super riches.  En cas de résistance populaire et d'interrogations légitimes, la parade est encore plus facile : « Raciiiiistes ! » C'est aussi simple que cela ! Et ça fonctionne à tous les coups.

Les Espagnols subissent avec quelques décennies de décalage ce que les Français endurent depuis longtemps : la division, chaque jour plus insurmontable, entre un peuple de souche abandonné et culpabilisé d'une part, et des masses d'immigrants que leur couleur de peau pare magiquement de toutes les vertus d'autre part. Les deux parties sont également exploitées par une poignée de nantis machiavéliques dont le seul dessein est de se gaver toujours plus sans jamais partager mais... circulez, y'a rien à voir !

Déplacer la lutte des classes sur le terrain artificiel de la « diversité » revient tout simplement à appliquer le vieux précepte du « Diviser pour mieux régner ». Une fragmentation du corps social organisée par le pouvoir dont les pires effets sont à venir... C'est tout bête mais il fallait y penser et, surtout, n'avoir strictement aucun scrupule. Inventer un combat pour « une société multiculturelle » ça ne coûte rien et ça rapporte gros. Pendant que la gauche – aussi bête en Ibérie que chez nous – saute les pieds joints dans le piège grossier du combat-contre-le-racisme-et-la-xénophobie et que les média, à la botte du pouvoir financier qui les possède, relaient massivement une propagande bien orchestrée, le pouvoir d'achat diminue tandis les inégalités et la criminalité explosent.

Il semble si loin le temps de la prospérité... les années 2000 où l'argent facile coulait à flots et où le monde entier n'avait d'yeux que pour « la Californie de l'Europe ». En 2007, le très vénérable "Financial Times" révélait que l'Espagne était la destination favorite des Européens désirant vivre et travailler hors de leur pays d'origine. Des multinationales aux mafias en passant par les touristes et les migrants, tous affluaient vers ce pays où règnent un sentiment de liberté et une permissivité que l'on ne retrouve nulle part ailleurs. Une Espagne hédoniste tout à la fois libre, libérale, libertaire et libertine. Pays de la fête, du plaisir, du soleil et du mariage gay, premier consommateur mondial de cocaïne par habitant. Selon la BCE, en 2008, à l'apogée du « modèle espagnol », le pays concentrait à lui seul le tiers de tous les billets de 500€ en circulation ! Le taux de chômage avait été divisé par 3 et le royaume se hissait au rang de 8e puissance économique mondiale. Le premier ministre espagnol se permettait alors de donner des leçons de gestion budgétaire à son homologue allemand...

L'illusion a vécu. Le modèle était bancal et spéculatif. La croissance à crédit, basée sur l'endettement, n'était pas tenable. Le secteur hypertrophié de la construction et du BTP n'a pas résisté à l'éclatement de la bulle immobilière. La productivité n'a jamais cessé de se dégrader. Les exportations stagnent. Seul le tourisme tient le coup (l'Espagne est la 3e destination touristique au monde, derrière les USA et la France) mais ça n'est pas suffisant. Le rêve tourne au cauchemar et l'Espagne se réveille avec la gueule de bois... et plus de 6 millions d'immigrés sur les bras.

Grâce à leurs « élites », les Espagnols se retrouvent encore plus fauchés aujourd'hui qu'en 1996 malgré 15 années de folle croissance à 3.5% par an... cherchez l'erreur !
En revanche, ils peuvent aujourd'hui, comme leurs frères d'Europe du Nord, s'offrir les joies si modernes de la « diversité » : impossible de profiter de la paix des plages ou des parcs sans être harcelé la journée durant par des hordes de masseuses chinoises piaillant sans relâche « Masa-hé, masa-hé » auxquelles des bandes de Pakistanais viennent prêter main forte à grands coups tonitruants de « Coca-Cola, Fanta, cerveza-beer ! ». Ce concert sans fin donné à l'unisson engendre un brouhaha aigu, aussi agressif qu'épuisant, qui finirait par transformer l'abbé Pierre en Anders Behring Breivik. Envie de fuir ? Pas si vite : vous les retrouverez chargés de tas de canettes et de snacks à la sortie de tous les commerces, cafés, restaurants et boites de nuit auxquels ils opposent sans même se cacher une concurrence déloyale puisque illégale et exemptée de toute taxe... dans l'indifférence totale de la police, trop occupée à traquer les meutes de pickpockets maghrébins détroussant le touriste ou les gangs colombiens qui se partagent le marché de la drogue. Les prostituées (parfois majeures) de l'ex-URSS, elles, se sont fondues dans le paysage rural : un tracteur, une pute, une vache... Attention toutefois, si vous parvenez à échapper in-extremis à cette faune bigarrée, de ne pas trébucher sur un des innombrables étals sauvages d'accessoires de contrefaçon tenus par des Africains clandestins... à moins que la chute se produise sur une pouponnière de tsiganes roumains improvisée à même le trottoir. Le bonheur du « vivre ensemble » probablement.

Peu importe que beaucoup d'Espagnols, déboussolés, confessent du bout des lèvres ne pas reconnaître leur pays et se sentir étrangers chez eux. Comme partout ailleurs en Europe, l'establishment politique, les média, le milieu associatif, l'éducation nationale et le système judiciaire sont là pour les rappeler à l'ordre : "Vous devriez avoir honte, bande de sales beaufs racistes et xénophobes !" Et le tour est joué. On se tait ou c'est l'exclusion sociale. 

Pourquoi les sujets de sa très gracieuse majesté Juan Carlos de Borbón y Borbón se plaindraient-ils ? Désormais, ils ont eux aussi un super-pays-cosmopolite-et-multiculturel, ruiné certes, mais un Etat occidental moderne, de première division. On ne cesse de leur répéter. Pour preuve : Barcelone peut s'enorgueillir d'être devenue la 2e ville au monde pour le nombre de ses gangs latinos (réputés pour leur extrême violence), uniquement supplantée par Los Angeles. Mais devant Miami... La classe, quoi !

Pauvre Espagne qui n'a pas eu le temps de se croire riche qu'elle se retrouve déjà à nouveau pauvre... et si peu espagnole.




Photo : Une embarcation de migrants africains vient de s'échouer sur une plage des îles Canaries (Espagne).

vendredi 8 juillet 2011

ANARCHO-TYRANNIE ou l'insécurité comme instrument de contrôle social.

Petit résumé synthétique pour ceux qui veulent comprendre pourquoi la police a l'ordre de harceler l'honnête citoyen qui va travailler par ce qu'il a un pneu lisse... et de baisser les yeux devant les hordes de racailles qui agressent, pillent, tuent, trafiquent, incendient, violent et détruisent sans même se cacher !


En 1992, Samuel Todd Francis, un historien et journaliste américain, introduit le concept d’anarcho-tyrannie dans le vocabulaire politique et le définit de la façon suivante : «Nous refusons de contrôler les véritables criminels — volet anarchique — et nous nous rabattons sur les innocents — volet tyrannique.»

Les lois censées protéger les citoyens contre les criminels ne sont souvent pas appliquées, même si l’état est parfaitement en mesure de le faire.

L’état instaure progressivement tyrannnie et oppression par l’application de lois telles que :
  • la criminalisation de ceux qui respectent la loi,
  • l’imposition (fiscale) exorbitante,
  • une réglementation bureaucratique,
  • le viol de la vie privée,
  • le sabotage d’institutions sociales, telles que la famille ou les écoles de proximité,
  • l’imposition du contrôle des esprits par le truchement de la formation à la sensibilité” et la rivalité multiculturelle,
  • la création de lois telles que l’incitation à la haine ou contre la détention d’armes à feu, le désarmement des citoyens qui sont par ailleurs respectueux des règles (des lois qui n’ont en revanche aucun impact sur les criminels violents qui obtiennent des armes de manière illégale).

Samuel Francis avance que cette situation concerne l’ensemble des Etats-Unis et l’Europe.
Alors que le gouvernement fonctionne normalement, le crime violent fait de plus en plus partie du « paysage », produisant un climat de peur (anarchie).

Samuel Francis complète en indiquant que "les lois qui sont censées protéger les citoyens ordinaires contre les criminels ordinaires ne sont souvent pas appliquées, même si l’état est parfaitement en mesure de le faire".

Tandis que les criminels et autres délinquants continuent leurs ravages, les instances dirigeantes concentrent leur attention sur les citoyens respectueux des lois. 

Les lois qui sont au final appliquées sont celles :
  • qui étendent ou amplifient le pouvoir des alliés de l'Etat et des élites internes,
  • qui punissent les éléments récalcitrants et désignés comme pathologiques (tous ceux qui s’obstinent à se comporter en fonction des normes traditionnelles).

    En résumé, tous ceux qui :
  • rechignent à payer toujours plus de taxes et d’impôts,
  • refusent de confier leurs enfants à l’école publique (l'éducation nationale) et à sa manipulation,
  • possèdent ou conservent des armes à feu,
  • déploient le drapeau de leur pays,
  • mettent une fessée à leurs enfants,
  • décorent des sapins de Noël,
  • citent la loi (le Code pénal),
  • n’aiment pas attacher leur ceinture etc...


Les instances dirigeantes concentrent leur répression sur les citoyens respectueux des lois, sans parler des personnalités politiques dissidentes qui se présentent aux élections et s’efforcent d’agir contre l’immigration de masse en provenance du tiers monde.

Samuel Francis développe l’idée selon laquelle l’anarcho-tyrannie est intrinsèquement liée au système en vigueur et ne peut être éliminée en combattant simplement la corruption ou en votant contre les élus en poste.

Selon lui, le système produit un “conservatisme” factice, qui encourage les gens à rester passifs. 
Il en conclue qu'une situation juste et saine ne peut être rétablie qu'en rendant le pouvoir aux citoyens respectueux des lois.




« Insécurité et contrôle des masses. »

Il faut revenir sur quelques idées reçues : tout d’abord le crime paie, la délinquance est rentable, et c’est même l’une des grandes industries mondiales.

Crime et délinquance sont rentables :

- pour le délinquant, particulièrement lorsque celui ci jouit d’une certaine impunité (que l’on pense au trafic de portables qui n’est même plus réprimé et devenu si banal qu’il est désormais classé dans les incivilités).

- pour la société (ce qui est dérobé, fracturé, détruit doit être remplacé) car il génère une activité de contre-mesures ( sociétés de sécurité, compagnies d’Assurances, enrichissement du délinquant qui va généralement dépenser son gain illicite dans des produits à forte valeur ajouté ).

- et surtout pour l’Etat qui, certes, ne prélève pas directement sa dîme sur les trafics mais bénéficie de la circulation financière induite et utilise le bruit de fond de l’insécurité comme instrument de contrôle de la population, en la confortant dans sa dépendance envers les organes supposés la protéger ou, à l’opposé, dans le maintien machiavélique de ses administré dans la peur, la résignation et l’individualisme.

L’Etat est un instrument du système, sa fonction n’est pas (n’est plus) d’améliorer le sort des populations mais d’optimiser la traite du « parc à bestiaux ».

Les organes de répression, police, gendarmerie, justice, fisc, douanes, etc… sont une interface entre l’Etat et les masses, qui interagit sur deux plans : les organes répressifs doivent être craints du peuple, et, simultanément, ils doivent craindre l’Etat.
Il est capital que la police ne soit pas aimée du peuple : elle pourrait s’en rapprocher, fomenter avec lui une révolte contre un système que tous savent injuste. De même, il est vital que la police déteste la population et en soit coupée. L’affrontement doit donc être organisé entre les deux, mais jusqu’à un certain point, variable, pour que la mécanique ne s’emballe pas (…). Pour ce faire, l’Etat dispose de plusieurs curseurs, et emmerder préférentiellement les gens ordinaires tout en laissant tranquilles les pires loubards, au vu et su de tous, c’est le B.A.-BA de la méthode.

Un automobiliste qui se fait verbaliser à un feu rouge pour défaut de port de ceinture, ou dont le véhicule subit une inspection chirurgicale, tandis qu’à 100 mètres de là, on deale de l’héroïne en pleine rue, va évidemment voir sa tension monter. Si en outre le gars laisse échapper, dans un accès bien légitime de contestation, un «vous feriez mieux de vous occuper des dealers» entraînant ainsi la conversation qu’il ne faut jamais avoir — et qui se solde toujours par un constat d’outrage —, alors tout va pour le mieux.
En effet l’administré est furieux, il déteste les flics, il en a peur, il est humilié, et en même temps les flics sont entretenus dans l’agressivité nécessaire à leur bon usage. C’est en quelque sorte du dressage : le mouton est bien rangé et le chien de berger en pleine forme.
Cette tension sociale accumulée, bien entendu, pèse surtout sur le flic, qui est un être humain après tout, et qui se rend bien compte qu’il n’a pas le bon rôle. Elle contribue à l’affaiblir psychiquement, en plus de toutes les formes de violence et de dysfonctionnement sociaux qu’il est appelé à côtoyer, et de l’absence de soutien de sa hiérarchie, elle-même entretenue dans le froid calcul de ses plans de carrière. Quelle que soit la façon dont il gère cette situation (sauf  par la démission) c’est tout bénéfice pour l’Etat. Le flic, affaibli, hargneux, sera facilement infantilisé, dépendant, atomisé et manipulable. L’Etat voit son travail paternaliste facilité.

La méthode est particulièrement au point dans la Gendarmerie, où le contrôle des individus est constant. Epuisé, en sous-effectif, victime d’une hiérarchie autiste, mal payé, souvent en situation dangereuse, constamment en collectivité, impliqué dans des rivalités de cohabitation où épouse et famille sont instrumentalisés, le Gendarme est découragé de toute revendication, dépendant du groupe, à la merci d’une récompense ou d’une sanction, et entrainé dans une solidarité de corps où la réflexion autonome doit tendre vers zéro.

Ces méthodes de contrôle des individus sont vieilles comme le monde. Il s’agit ni plus ni moins de celles employées dans les armées pour briser l’individualité et créer un outil unifié. Ce sont aussi les méthodes des sectes.

Quant à la population ordinaire, il est bon qu’elle craigne les organes de répression, comme il est bon qu’elle tremble devant le crime et la délinquance. Ainsi elle est demandeuse d’Etat, mais ne verra jamais son besoin de sécurité satisfait. Pourquoi la rassasier ? Elle ne serait plus cliente…

Il suffira à chaque élection de lui promettre que, cette fois-ci, on a compris, puis, une fois élu, de lui servir des statistiques imaginaires. Si, malgré tout, le bordel réel est tel qu’elle (la population) ressent une légère dissonance cognitive, la propagande est là pour lui assurer qu’elle exagère. Et que tout est en ordre.

Si vraiment la réalité ne peut plus être cachée, on lui fera comprendre localement qu’elle est seule, que si elle se défend, elle sera lourdement sanctionnée. Dès lors, résignée, en exil intérieur, elle se pliera globalement. Le reste relève du contrôle politique, de l’absence organisée d’une offre alternative, et du contrôle psychiatrique, par les psychotropes médicaux ou commerciaux — alcool, drogues « illégales». Et la machine continue de tourner, le système de générer des bénéfices, et l’hyperclasse qui la contrôle de s’enrichir au dépend des individus.


«L’insécurité est un instrument efficace

de contrôle social»


Interview d'Éric Werner.
M. Werner est un philosophe suisse, diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris, docteur ès Lettres et ancien professeur de philosophie politique à l’université de Genève. Il a écrit plusieurs essais sur le système politique contemporain et la religion.

« On croit volontiers que l’insécurité est toujours et nécessairement en elle-même une calamité. Mais c’est là une vue par trop étroite du problème.
En réalité, elle joue un rôle important dans le maintien de la stabilité du système. Elle concourt utilement par exemple à démoraliser les populations, et par là même aussi à les convaincre de la vanité qu’il y aurait à vouloir s’opposer au «sens de l’histoire» (tel que le définissent les autorités).

On pourrait dire aussi qu’elle a une fonction rééducative. Elle achève de réduire les individus à l’impuissance et de les mettre dans l’incapacité de rien entreprendre contre la nomenklatura en place. Bref, c’est un instrument efficace de contrôle social.
On lui est redevable de soustraire les autorités aux désagréments liés à une hypothétique et toujours aléatoire contestation venue de la base.
On comprend dès lors le soin tout particulier qu’elles mettent à la laisser se développer comme elle le fait. Elles ne disent naturellement pas qu’elles sont pour l’insécurité (non quand même), mais elles ne s’emploient pas moins à la favoriser discrètement.
L’insécurité a parallèlement encore une autre fonction pédagogique: celle d’habituer progressivement les populations à l’absence de droit.
La croyance en l’existence du droit n’a en effet de sens que dans un Etat de droit. Dans un Etat qui n’ est pas de droit ou l’est de moins en moins, parce que les autorités elles-mêmes en prennent de plus en plus à leur aise avec le droit (quand elles n’en viennent pas purement et simplement, comme c’est souvent le cas, à se mettre au-dessus du droit), une telle croyance perd évidemment toute raison d’être. A la limite même, elle pourrait passer pour subversive.»
Eric Werner – De l’extermination, Editions Thael – 1993. 


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